Recherche : Deux thèses soutenues dans le cadre du Projet CHAIN-BURKINA

Recherche : Deux thèses soutenues dans le cadre du Projet CHAIN-BURKINA

Sous la direction du Pr Hama DIALLO, enseignant-chercheur à l’Université Joseph KI-ZERBO et par ailleurs Investigateur Principal du projet CHAIN-BURKINA, deux (02) thèses de doctorat ont été soutenues le mardi 21 mars 2023 à l’Unité de Formation et de Recherche en Sciences de la Santé (UFR/SDS). Logé au sein de l’Université Joseph KI-ZERBO avec pour site de mise en œuvre le Centre hospitalier régional de Banfora (région des Cascades) couvrant les districts sanitaires de Banfora, Sindou et Mangodara), le Projet CHAIN-BURKINA (The Childhood Acute Illness & Nutrition Network, en français Réseau sur la morbidité aiguë chez l’enfant) a pour objectif d’améliorer la nutrition et la survie des enfants. C’est cette aire sanitaire qui a constitué la zone d’étude dans le cadre de ces deux thèses soutenues respectivement par Abdoul Rachid DIALLO et Zakaria DIALLO et dont nous vous livrons ici les deux résumés.

« Incidence et saisonnalité de la mortalité intra-hospitalière chez les nourrissons de 2-23 mois présentant une malnutrition aigüe sévère au service de pédiatrie du Centre Hospitalier Régional de Banfora, Burkina Faso », DIALLO Abdoul Rachid

Introduction : La saisonnalité de la mortalité intra-hospitalière chez les nourrissons de 2 à 23 mois souffrant de malnutrition aigüe sévère (MAS) est un indicateur qui n’a pas été étudié jusqu’à la au Burkina Faso selon la littérature disponible. Notre objectif visait donc à évaluer l’association entre la mortalité intra-hospitalière et saisonnalité chez les nourrissons de 2 à 23 mois présentant à l’admission MAS dans le service de
pédiatrie du Centre Hospitalier Régional de Banfora (CHR-Banfora) entre Janvier 2018 à Juin 2019.

Méthodologie : Il s’est agi d’une étude de cohorte prospective au sein des enfants admis dans le service des urgences pédiatriques du CHR de Banfora pendant la période de Janvier 2018 à Juin 2019. Les données ont été collectées à l’aide de questionnaires papier saisis sur Redcap puis analysées avec STATA 13.0/SE. Pour l’évaluation de la mesure d’association entre le taux de mortalité intra-hospitalière et les co-variables un p<0,05 a été considéré comme statistiquement significatif.

Résultats : Sur 455 nourrissons de 2 à 23 inclus dans l’étude CHAIN-Burkina Faso, 166 présentaient une MAS soit une prévalence hospitalière de 36,4%. Le risque de décès chez les MAS était de 12,05% (IC à 95% : 7-17). Le taux d’incidence de la mortalité intra-hospitalière était de 15,5 pour 1000 enfants-jours (IC à 95% : 9,4-23,9). Le risque de décès pendant l’hospitalisation était 1,4 fois plus élevé pendant la saison pluvieuse pour les MAS HR=1,4 (IC à 95% : 0,4-4,9) comparé à ceux admis pendant la saison sèche. Toute fois ceci n’était pas statistiquement significatif (p=0,61).

Conclusion : Le risque de décès intra-hospitalisation des MAS était plus élevé en saison humide dans la région des Cascades. Toute fois ce résultat n’était pas statistiquement significatif. Nous suggérons donc de mener une étude analytique afin de mieux mesurer cette association.

« Incidence et facteurs associés à la mortalité post-hospitalisation chez les nourrissons de 2 à 23 mois en milieu rural dans la région des Cascades au Burkina Faso », Zakaria DIALLO

Méthodologie : Il s’est agi d’une étude de cohorte prospective chez des nourrissons âgés de 2 à 23 mois admis dans le service des urgences pédiatriques du CHR de Banfora pendant la période de Janvier 2018 à Décembre 2019 et suivi 6 mois après la première hospitalisation.

Résultats : Sur 455 nourrissons admis en hospitalisation dans le projet CHAINBurkina Faso, 415 sont sortis vivants à l’issue de la première hospitalisation. Notre population d’étude est composée des nourrissons sortis vivants. L’âge moyen des nourrissons était de 12,01 ± 6,11 mois, avec un minimum de 2 mois et un maximum de 23 mois. Les principaux motifs d’admission étaient la fièvre (88,67%), les vomissements (49,64%), la diarrhée aiguë (40,96%) et la toux aiguë (41,45%). Les diagnostics retenus à la sortie du patient étaient principalement l’anémie à 65,78%, le paludisme grave confirmé à 48,91%, la pneumonie aigue à 27,95%, les gastro-entérites aiguës (14,22%). La durée médiane d’hospitalisation était de 6 jours avec un intervalle semi-inter quartile de 4 jours. A l’issue du suivi post-hospitalisation de 6 mois, nous avons enregistré 23 décès donnant un risque de décès post-hospitalisation de 5,54% (23/415) avec un IC à 95% de 3,33% – 7,75%. Les deux principales causes probables de décès étaient la fièvre (52,17%) et les difficultés respiratoires (47,83%). Pour les facteurs de risques associés à cette mortalité post-hospitalisation, le sexe, l’état nutritionnel et l’infection à VIH du nourrisson ainsi que le niveau socioéconomique de ses parents étaient les principaux facteurs identifiés. En effet, le risque de décès des nourrissons de sexe féminin était de 2,77 fois (HR=2,77 ; IC à 95% : 0,94 – 8,1; p=0,06) plus élevé que ceux du sexe masculin. Les enfants malnutris aigus sévères avaient 12,0 fois plus (HR=12,0 IC à 95% : 1,53 – 94,02 p=0,018) de risque de décéder après l’hospitalisation que ceux qui ne présentaient pas de malnutrition. Le risque de décéder en posthospitalisation était multiplié par 24,36 (HR=24,36 ; IC à 95% : 2,55-232,58 ; p=0,006) pour les nourrissons infectés par le VIH. Enfin les nourrissons issus de familles de niveau socio-économique faible avaient 75% moins (HR=0,25 ; IC à 95% : 0,06 – 1,04 ; p=0,058) de risque de décéder durant le suivi posthospitalisation.

Conclusion : Le taux de mortalité post-hospitalisation demeure élevé chez les nourrissons en milieu rural au Burkina Faso. Les principaux facteurs de risques de cette mortalité post-hospitalisation étaient le sexe, l’état nutritionnel et l’infection à VIH du nourrisson.